4 chapîtres pour le moment :
Famille Lapie Delalande cet album regroupe les photos depuis l'enfance de nos grands parents Eugène Lapie et Yvonne Delalande ,
Famille Lapie Bayle à partir de 1939
Et les diapos de Papa à partir de
1956 jusqu'en 1967 environ

La suite viendra au fur et à mesure du scan des photos,.
Lisez le document ci-dessous écrit par papa qui reste malheureusement inachevé


Ce siècle avait seize ans, je mettais les pieds par terre un samedi 19 février à 13 30 dans Granville au lieu dit rue du calvaire (Alsace lorraine depuis) pas au numéro 8 que vous connaissez mais au numéro 60 dans un appartement que j’allais connaître pendant 6 ans environ, étant précisé que je me partageais avec la rue de la Pte Haute où ma grande mère et ma tante habitaient.
De ces premières années quels souvenirs ? ceux réels liés a des moments vécus et enregistrés, ceux irréels forgés dans ma mémoire par mes parents et grands parents l’imaginaire rejoignant ainsi le réel sans que l’esprit mesure l’un et l’autre.
Mes parents nés l’un en 1888 l’autre en 1889 avaient donc à ma naissance 27 ans , ils s’étaient mariés 3 ans auparavant qui étaient-ils ?
Mon père d’abord ouvrier serrurier dans cet atelier Legoubin . avait fait pour l’époque des études, il était muni du diplôme de brevet de l’enseignement primaire supérieur (on le passait à 16 ans); plus tard mes frères et moi allions nous asseoir sur les mêmes bancs, c’était un bagage très bon en 1907.
Je me rendis compte plus tard, j’avais treize ans qu’il pouvait suivre facilement les mathématiques, algèbre et géométrie que j’ingurgitais avec une certaine peine, la transition du primaire au supérieur (on ne disait pas secondaire) en a été facilité.
Doté d’un sens artistique, je revois ses dessins d’école ; je n’ai pas pu tout à fait le rejoindre dans ce domaine.
Très jeune, j’allais à Cherbourg, on me montra plus tard la fenêtre de l’appartement, mon père était en effet affecté spécial, c’est-à-dire ouvrier travaillant pour l’armement aux usines Simon frères.
Mobilisé en 1914, comme sergent d’infanterie, il avait « fait » Charleroi en août septembre 1914, en pantalon rouge, il avait vu les charges héroïques à la baïonnette, au son du clairon.
Ce clairon sonnait la charge : « la monteras-tu la cote la cote … » Plus tard, cette fatale sonnerie, servait à ameuter les volontaires pour les incendies (pas de sirènes) il lui arrivait de trembler encore tant ses souvenirs étaient ravivés par cette sonnerie.
Il fut blessé pendant la retraite de 2e de ligne à Guise (au nord de Saint Quentin) une balle, alors qu’il était en position couchée derrière un petit obstacle vint le toucher au bras et ricocha jusqu’au nez.
Papa ne parlait pour ainsi dire jamais de sa guerre, maman avait pieusement conservé le morceau de manche troué par la balle c’est alors qu’en convalescence, il eut sa première attaque de rhumatisme articulaire (la première lui avait valu d’être ajourné pendant un an), cette maladie que l’on ne savait pas soigner lui valut quelques crises et une faiblesse du myocarde qui lui fut fatale en 1940.
C’est donc à Cherbourg que je vécus ma prime jeunesse, et, au dire de mes parents, je prononçai la phrase historique que l’on me répéta 100 fois, c’était à la fin de 1918 pourquoi es-tu content ? « paque la guerre est finie », ce fut ma façon à moi de saluer l’armistice.
En diligence, nous allions (on me l’a raconté) à Saint Germain des Vaux ou vivait une tante à maman : la tante Bonne, sœur de ma grande mère Portais que je n’ai pas connue. C’était la sœur de la seconde épouse de mon grand père maternel.
En diligence 50 Km une expédition, je me souviens un ou deux ans après avoir joué là-bas je revois l’endroit sans brouillard. Mon père réintégra Granville en 1919 et reprit son travail chez Legoubin, il devint bientôt le successeur. Ce petit atelier minuscule avait 3 ou 4 ouvriers, nous habitions au 1
er étage , l’escalier donnait directement sur la rue, deux chambres une cuisine, et petit avec cela un placard situé près du plafond au-dessus du grand logeait les choses peu fréquemment utilisées y prenait place aussi le père fouettard, mais je n’ai jamais vérifié s’il était bien là, papa en faisait parfois office sans faire appel à l’officiel.
Chez ma grande mère, c’était au contraire le havre de paix, j’étais le Roi ma tante Gaby et ma grand-mère faisaient tout ce que je voulais et même plus, de sorte que le retour à la maison n’était pas toujours désiré.
Quelques années plus tard Robert me rejoignit nous étions en mars 1921 j’avais cinq ans, la concurrence se présentait …
L’année suivante, ce fut le grand déménagement et pour mes parents une nouvelle tranche de vie, en effet, empruntant beaucoup (à l’époque cela dénotait un tempérament de battant) ils achetèrent le 8 rue alsace lorraine devenue en 1945 la rue Général Leclerc.
C’est alors que se développa beaucoup l’affaire, en quelques années, l’effectif monta à 15 personnes et en 1922 la famille devint trois Daniel venait constituer le trio le 11 juillet 1922. j’avais 6 ans et j’en fus le parrain pas peu fier de le tenir (aidé sans doute) sur les fonts baptismaux de l’église Saint Paul. Il fut le petit dernier pendant longtemps.
Mon père entreprenant imaginatif travailleur persévérant développa cet atelier des débuts en adjoignant la machine agricole. Je revois les essais après montage du kit sur la place de la gare. Dans les brancards, un compagnon , 2 autres derrière vérifiaient le bon fonctionnement des fourches de la …… des branches du râteau ou de la lame de la faucheuse très surprise de ne pouvoir se repaître de l’herbage qu’elle attendait.
Quand je dis mon père, je dois y associer maman, elle sut le seconder et pallier sa rigueur administrative et comptable insuffisante en faisant la secrétaire, la comptable et en lui donnant son intelligence et son bon sens, elle fut la cheville ouvrière et permettait la facturation.
Mais qui était-elle maman ?
Elle était née à Granville rue de la petite houle, à une maison jouxtant des parents de mon père, venus là aussi, après avoir quitté Saint Pair. Voisins, papa et maman devinrent amis et pratiquement ne se quittèrent plus.
Mon grand-père maternel, issu d’une lignée de paysans avait lui quitté la terre pour être « domestique » chez un docteur de la haute ville, il était l’homme à tout faire et puis un jour les chemins de fer, le réseau dit de l’état vint jusqu’à Granville apportant des emplois nouveaux dans cette région essentiellement agricole et maritime. Il y rentra donc et devint facteur enregistrant, travail sédentaire, pesée, enregistrement. En quelle année ? je ne l’ai jamais su, mais je suppose vers 1880 1884 il s’est marié et, à cette époque, le prétendant devait avoir un emploi stable d’où cette supposition.
Je reviendrai plus loin sur ce grand père que j’ai bien connu, mais, pour l’heure, j’en suis à maman, titulaire du B.E.P.S comme papa. Elle entra à l’école normale d’institutrice, c’était une promotion recherchée à l’époque. Jules Ferry avait lancé l’école pour tous et les prêtres laïques qu’étaient les instituteurs allaient bouleverser la vie de la nation. L’instruction avait acquis ses lettres de noblesse avec des maîtres et maîtresses dont la neutralité, la sensibilité le sens de la justice allaient à la fin du XIXe siècle et au début du 20
e en faire des guides de tous ces jeunes avides de savoir.
Maman est rentrée à l’EN de Coutances, mais n’enseigna que peu de temps, 5 ans environ, mariée à 24 ans, elle abandonna l’enseignement pour se consacrer à son mari ses enfants et à l’entreprise Legoubin.
Le déménagement fut un événement vécu, l’atelier fut créé de toutes pièces (l’actuel et la deuxième version). La cour arrière était un jardin pendant plusieurs années un petit morceau resta (là ou sont les réserves de fers) et tout au fond 3 cabinets d’époque un pour chaque locataire d’étage. Comme on avait creusé le sol, ils se situaient à 1 m au-dessus du niveau actuel de sorte que pour y parvenir il fallait être quelque peu alpiniste. Plus tard ils furent placés au fond du couloir d’entrée.
L’atelier, sensiblement disposé comme aujourd’hui comportait une forge le soufflet magnifique en cuir fonctionnait en tirant une chaînette, parfois je servais de souffleur et je m émerveillais à voir mon père frapper le fer rouge avec une grande vigueur transformant la matière rendue ductile, comme il l’entendait.
Les volutes d’une grille (nœud au bout) prenaient tournure les pointes des montants verticaux faisaient rapidement penser à celle des tuileries.
Une année, quand ? 1930 peut-être, mon père fit une véritable œuvre d’art. Chargé de faire les grilles d’un perron et de la décorer.Il assura celle-ci grâce à des branches de marronnier s’entrelaçant autour de barreaux. Chaque foliole faisait l’objet d’un long travail de forge pour mise forme, les nervures apparaissaient en relief, bientôt chaque feuille fut constituée puis soudée (attention pas au chalumeau : à la
forge) et l’ensemble fut exposé sur le trottoir.
Les vandales (déjà) la nuit prélevèrent quelques feuilles, non pour détruire mais parce que c’était beau.
Telles étaient les capacités de papa, artiste en son genre, mais la matérielle n’était pas cette fabrication sans doute facturée au plus juste et sûrement pas a sa valeur artistique réelle.
Pour nos parents, pas de congés autres que le dimanche, à cette époque, la semaine de travail s’étendait du lundi matin au samedi soir et 9 heures par jour, encore faut-il préciser que le dimanche matin était consacré à la comptabilité aux factures au courrier. Seule l’après-midi faisait exception nous sortions en famille chaque dimanche. Pendant de longues années à pied et puis un jour, (c’était en 1932-1933, les affaires marchaient bien il fallait trouver les moyens d’aller sur les chantiers autrement qu’à pied, ou à bicyclette puis moto.avec les camions à bras) une C4 citroen, camionnette, nous émerveilla. À cette époque, les automobiles ne courraient pas les rues, le radiateur était noir Citroën avait revêtu les laitons de peinture noire. Un an après quelques écaillements faisait apparaître le cuivre, L’huile de coude aidant on l’enleva entièrement et au Mirror la calandre brilla bientôt de tous ses feux.
Dès le début avec l’aide d’un bourrelier, la camionnette devint conduite intérieure, un siège transversal à l’arrière deux strapontins derrière le conducteur, des bâches relevées tout autour et remplacées par des micas. Les voyageurs rentraient par l’avant le dossier coté passager rabattu.
Une moquette de Coco au sol nous étions parés pour les voyages au long cours.
La voiture était toujours propre grâce à votre serviteur qui assurait le nettoyage et le montage des sièges et dossiers au-dessus en moleskine noire.
Alors les objectifs s’éloignèrent Carolles 10km Sartilly 15 Km Coutances 28 Km Saint Denis le vêtu 30 Km où habitait le cousin germain de papa, son physique voisin, on les prenait parfois dans leur jeunesse pour 2 frères. Nous allions aussi en véritable expédition à Saint Germain des Vaux 110 Km.
Tante Gaby sœur de papa, non mariée, était toujours des notres, elle déjeunait chaque dimanche à la maison, grâce à elle les gâteaux nous gâtaient. Avant de continuer ce récit, il faut revenir en arrière, allons-y vite.
J’ai 5 ans, je suis à la maternelle, combien ces classes ont évolué, les couleurs toutes actuelles n’étaient pas habituelles, on jouait, on jouait encore on apprenait aussi les premiers rudiments de lecture et d’écriture. À la maison maman se chargeait de compléter de sorte qu’à l’entrée à l’école primaire la plupart des enfants savaient lire et écrire.
Madame Hulin, l’institutrice se servait de moi comme répétiteur dans sa classe de 3 divisions.Je disposais de sa grande règle en bambou pour faire ânonner mes camarades moins avancés. C’est ainsi que l’avance à l’entrée n’a servi à rien, je n’ai jamais sauté une classe, je perdais partiellement mon temps en cette première année.
J’allais à l’école à pied, bien chaussé de sabots, j e veux dire de souliers montants à semelle de bois, en culotte courte, bien sur, (ce sera ainsi jusqu’à l’age de 13 ou 14 ans) et protégés par une ample pèlerine à capuchon pour les jours de pluie assez nombreux et dessous ….. ????
Il ne fait pas très froid à Granville mais cependant sous les vents d’ouest avec quelques degrés au-dessus de zéro, des genoux étaient plutôt rouges. Nous étions tous ainsi si nous avions vu des camarades en pantalon, il se serait fait huer.
À la campagne les garçons portaient des bas tricotés peu esthétiques certes mais confortables sans doute.
L’E.P.S était aussi internat et nous servions souvent de commissionnaires en achetant pour eux les glaces qu’un marchand vendait au lieu dit le pont.
Le pont, il existait, le Bosq longeait alors le cours Jonville passait sous ce pont et contenait entre les maisons.Son eau était relativement propre, j’y ai vu se dérouler une fête vénitienne avec gondoles Doris (pour ceux qui ignoreraient ce qu’est un Doris, qu’ils sachent qu’il s’agit d’un canot plat de section trapézoïdale,  empilables sur les ponts des terre-neuvas, ces canots se retrouvent de l’autre coté de l’Atlantique en musée surtout, voir Mystik près de New York ou au Canada).
Une autre forme d’escapade celle du jeudi, l’école P.S. était laïque et il y avait une école libre rue saint Paul.À cette époque les luttes du début du siècle (avant 1918 l’état avait pris possession des églises) l’école laïque l’était, certes, et au plein sens du terme c’est-à-dire neutre, mais un certain climat subsistait. Nous côtoyions au catéchisme nos camarades de l’école libre, aucune animosité à fortiori aucune haine. Portant pour donner du sel à nos jeux nous nous mimes d’accord pour une « guerre », le lieu fut choisi la grève d’iderel vers l’usine à gaz. Un jeudi, nous occupions la terrasse, le jeudi suivant c’était l’inverse. La grève était pleine de sécrétion, la terrasse … il fallait les amener et les changes commençaient. Il faut vous dire que les couvercles de lessiveuses de nos mamans en acier galvanisé étaient de parfaits boucliers. Plus de bruit que de mal ; les guerriers se quittaient en se donnant rendez-vous au jeudi suivant.
Les fêtes à Granville c’était aussi les régates, nous nous installions avec nos parents au bout du port sur les contreforts du Roc, on n’y comprenait rien, seul le spectacle des voiles nous plaisait.

Une année, des courses de Doris eurent lieu dans l’avant-port, une passerelle bourrée de spectateurs s’écroula : tout le monde à l’eau, mon père avait déjà enlevé sa veste, prêt à plonger, mais les canots de la course eurent tôt fait de sauver les noyés en puissance